Année : 1978 (février) Interprètes : Gordon Liu Chia Hui, Wong Yu, Henry Yu Yung, Chiang Nan, John Cheung Ng Long, Lee Hoi Sang, Norman Chu, Shum Lo Wai Wang, Wilson Tong Wai Shing, Lo Lieh , Lau Kar Wing, Wong Ching Ho, Hon Gwok Choi, Lam Wai, Fung Ging Man, Wa Lun, Ng Hong Sang, Keung Hon, Wang Han Chen, Kok Lee Yan, Chan Shen, Simon Yuen Siu Tin, Peter Chan Lung, Hsiao Ho, Lin Ke Ming, Austin Wai Tin-Chi, Alan Chui Chung San, Chin Yuet Sang, Billy Chan Wui-Ngai, Johnny Cheung Wa, Gam Gwan,San Sin, Chan Si Gaai.
Dynastie Qing, les Mandchous occupent la Chine et oppriment le peuple sans que les rebelles, trop désorganisés, puissent y faire quelque chose. Un jeune homme, Liu Yu Te (Gordon Liu), entraîné par son professeur et motivé par la vision de la cruauté mandchoue, décide de prendre part à la lutte. Mais les puissances occupantes découvrent bien vite son engagement et tuent son père et son maître. Blessé, il parvient à fuir la ville et trouve refuge au sein du monastère Shaolin. Il sera alors le témoin béat et fasciné des rudes entraînements des moines, et demandera à être accepté parmi les recrues du monastère. Réticents au premier abord, les grands prêtres finissent par lui accorder une place au sein de leur communauté. Il gravit petit à petit les échelons martiaux (les 35 Chambres et leurs rites de passage) et, alors qu'il souhaite créer une 36ème Chambre destinée à entraîner les non-moines à la lutte contre les Mandchous, se fait renvoyer du monastère pour incitation à la violence et non respect des règles ancestrales...
La 36ème Chambre de Shaolin est le quatrième film de Liu Chia Liang en tant que metteur en scène, le troisième qu'il tourne avec son demi-frère Gordon Liu et une oeuvre séminale pour tout un pan du cinéma de kung-fu hongkongais. Il y aura en effet un avant et un après 36ème Chambre de Shaolin, comme il y eût plus tôt un avant et un après Come Drink With Me . Il suffit, pour s'en convaincre, de noter le nombre de films qui le suivront au cours desquels on assiste à l'entraînement d'un jeune "imbécile" qui passe de benêt vindicatif à artiste martial émérite et réfléchi. Car pour Liu Chia Liang, le principal muscle que le combattant se doit d'utiliser, c'est le cœur ! Et seul un travail long et difficile, avec pourquoi pas des brimades et une touche de sadisme de la part du vieux maître, permet d'atteindre ce niveau d'excellence. A l'opposé d'un Chang Cheh pour qui les scènes de kung-fu s'apparentaient à une représentation de la bestialité humaine (dans sa violence ou son sacrifice), Liu Chia Liang privilégie les idéeaux et aura tendance, tout au long de sa carrière cinématographique, à minimiser au possible les bains de sang. Ce même Chang Cheh avait posé quelques années auparavant les bases d'un genre, "le film Shaolin" (avec pour les premiers opus Liu Chia Liang aux combats). Pour l'année 1974, pas moins de 3 films ( Men From The Monastery , Shaolin Martial Arts et Five Shaolin Masters ), un film pour l'année 1975 ( Disciples Of Shaolin ), trois films pour l'année 1976 ( The Shaolin Avengers, New Shaolin Boxers et Shaolin Temple ) et un pour l'année 1978 ( Invincible Shaolin )... un vrai filon ! (deux autres suivront en 1979 et 1980 : Shaolin Rescuers et Two Champions Of Shaolin ). Mais aucun de ces films n'atteindra la magnificence et la spiritualité du chef-d'œuvre de Liu Chia Liang. Pour Chang Cheh, la saga Shaolin n'est qu'une occasion d'œuvrer dans un genre à la mode, rien de plus : il se fiche de son caractère profondément mythologique dans la culture chinoise pour se concentrer sur l'aventure individuelle ou limitée à quelques protagonistes. Voilà toute la différence entre un réalisateur "artiste" et un réalisateur "artiste martial" : l'appréhension de l'action en tant qu'essence de son sujet. Liu Chia Liang est donc lui-même un artiste martial émérite qui n'a de cesse, à travers ses films, de répandre la culture martiale ou tout au moins de la faire comprendre aux spectateurs. En ce sens, le personnage du moine San Te (Gordon Liu) est très proche de lui : une fois atteinte la 35ème Chambre et l'épreuve réussie, au lieu de devenir le maître d'une de ces chambres, comme le lui propose les prêtres du monastère, il émet le souhait d'en fonder une nouvelle, la 36ème, qui serait ouverte à tous, religieux ou non. San Te a une démarche d'ouverture de la culture Shaolin, alors que ses enseignements sont jusqu'à présent exclusivement réservés aux moines. Pour lui, l'art martial doit sortir de l'enceinte du temple et aller à la rencontre des Chinois oppressés par le pouvoir Mandchou. Sa pratique ne doit plus être élitiste mais s'ériger comme le nouveau ciment culturel qui permettra à ses compatriotes de reconquérir et leur identité et leur liberté.
Les chorégraphies martiales sont superbes et ne sont pas limitées qu'aux seuls combats. En effet, tout au long de son apprentissage, San Te mettra de plus en plus de kung-fu dans sa vie : nettoyage de vaisselle, lavage de vêtements, transport d'eau, etc. Les rites de passage des 35 Chambres sont amusants et plein d'inventions : comme dans un jeu vidéo, notre héros devra chaque fois faire preuve d'imagination et de dextérité pour relever les défis qui lui sont proposés. On ne s'ennuie pas une seconde, et dieu sait si l'exercice est périlleux. (Le film 18 Bronzemen de Joseph Kuo, réalisé deux ans plus tôt, utilisait déjà ce système d'épreuves mais avec beaucoup moins de magie et de grâce).Gordon Liu est miraculeux : fin, vif et racé... exceptionnel ! Un tel artiste n'apparaît qu'une fois par décennie. En plus d'être un athlète prodigieux, il est tout à fait convaincant en tant qu'acteur. Ses ennemis et acolytes ne sont pas en reste, tels Lee Hoi Sang et ses sabres acérés ou Lo Lieh qui revêt, une nouvelle fois, sa défroque de méchant. Même s'il fait référence à des figures ayant réellement existé, La 36ème Chambre de Shaolin n'est pas un film historique, le réalisateur et les scénaristes ayant pris quelques libertés avec les événements réels. On lui doit en tout cas la création de l'archétype cinématographique du moine Shaolin, Gordon Liu ayant été jusqu'à se raser la tête pour le rôle (et qu'il a, tel Yul Brynner, conservé rasée depuis !). Enorme succès au box office local (et en 1979 aux Etats-Unis sous le titre de Master Killer ), La 36ème Chambre de Shaolin donnera lieu à deux suites : Retour à la 36ème Chambre en 1980 et les Disciples de la 36ème Chambre en 1985, toujours réalisées par Liu Chia Liang et mettant en vedette son demi-frère Gordon Liu. Malheureusement, même si elles conserveront un niveau de qualité les plaçant largement au-dessus de la production lambda, le résultat sera décevant comparativement à l'opus initial.
Le coffret de la trilogie de La 36 ème Chambre de Shaolin
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