Les
chefs d'oeuvre de la Shaw Brothers |
The
Water Margin
|
Casting |
Année
: 1972 (mars)
Durée : 121 minutes.
Genre : aventures épiques / arts martiaux.
Catégorie IIB
Titre alternatif : Seven Blows Of The Dragon
(US)
Réalisateurs : Chang
Cheh, Wu
Ma (Feng Wu Ma), Baau Hok Lai (Pao Hsueh Li)
Assistants réalisateur : Ho
Chih Ciang, Wu Yu Shen (John Woo)
Producteur : Run Run Shaw
Chorégraphes : Tang
Chia,
Liu Chia Liang, Liu
Chia Yung, Chen Chuan
Scénariste : Ni
Kuang
Directeur artistique : Johnson
Tsao
Musique : Chen
Yung Yu
Interprètes : Ti
Lung, David Chiang, Guk Fung, Cheng Miu, Chen Kuan Tai, Yueh
Hua, Lily Ho Li Li, Paul Chun Pui, Yuen Shun-Yi, Yuen Cheung
Yan, Wong Chung, Wu Ma, Fan Mei Sheng, Gai Yuen, Toshio Kurozawa,
Tung Lam, Tamba Tetsuro, Cheng Lui, Tin Ching, James Nam Gung
Fan, Lee Wan Chung, Chin Feng, Danny Lee Sau-Yin, Bruce Tong
Yim Chaan, Woo Wai, Ling Ling, Wu Chih Ching, Shum Lo, Lee
Man Tai, Lee Hang, Wong Ching Ho, Wong Kwong Yue, Nam Wai
Lit, Liu Wai, Lau Gong, Lau Dan, Lei Lung, Wong Pau Gei, Paang
Paang, Zhang Yang, Leung Gwing Wan, Chan Chuen, Yeung Chak
Lam, Siu Siu, Law Wai.
|
Histoire
& Critiques |
Histoire
: Une
bande de renégats, les "108 Bandits", lutte
contre le pouvoir corrompu des Tsung. Ses membres vont tenter
de rallier à leur cause un maître en arts martiaux
(Tetsuro Tamba) qu'ils jugent suffisamment juste et droit
pour être des leurs. Leur tentative se soldera par son
emprisonnement suite à la trahison de sa femme et de
son amant. Les insoumis n'auront alors de cesse de tenter
de le délivrer.
Critique
de David-Olivier : The
Water Margin et sa suite, All Men Are Brothers,
sont les adaptations cinématographiques d'un roman
picaresque classique de la littérature chinoise "Au
bord de l'eau" (Shui-Hu-Zhuan) de Shi Nai-An et Luo Guan-Zhong
(disponible en texte intégral en deux tomes dans la
Bibliothèque de la Pléïade - NRF et dans
la collection de poche Folio Gallimard, voir plus haut). Bien entendu, les
deux films ne couvrent pas l'intégralité du
livre (près de deux mille pages !) mais seulement quelques
chapitres. La télé nippone lui consacra également une
série connue en France sous le nom de "La légende des
chevaliers aux 108 étoiles" passée dans les années 80
le samedi soir sur TF1 en seconde partie de soirée.
En
s'attaquant à un si gros morceau de la culture chinoise,
riche d'une multitude de personnages, la Shaw Brothers affirmait
dès l'origine son ambition de réaliser un film
prestigieux et monumental. Pour arriver à leurs fins,
les studios mobilisèrent pas moins de la quasi totalité
des vedettes sous contrat alors en vogue à Hong Kong
(beaucoup pour de courtes apparitions, certes, mais elles
étaient tout de même là !), le plus grand
réalisateur, Chang Cheh, supporté par deux "directeurs
d'acteurs" et deux assistants réalisateurs (dont
le tout jeune John Woo) et utilisèrent les plus beaux
sites de tournage de Clearwater Bay ainsi que les décors
les plus impressionnants. Tout était mis en oeuvre
pour créer un film somme... ou provoquer un ratage
complet !
L'abondance de protagonistes, présentés au fur
et à mesure de leur arrivée à l'écran
par une note (dans un objectif de clarification ou d'étalage
?), ne complique étrangement pas le film... Mieux,
ils n'empêchent pas le scénario d'être
aussi mince qu'une feuille de papier à cigarette :
tout au long du film, les gentils vont essayer de faire libérer
un maître emprisonné par leur faute. En un mot,
ils vont jouer aux gendarmes et aux voleurs ! Les évasions
s'enchaînent aux captures qui elles-mêmes s'enchaînent
aux mises à mort qui s'enchaînent aux évasions,
etc. On a parfois l'impression de se retrouver dans ces vieilles
productions de la Keystone... Bref, une superbe distribution
mal utilisée. A ce titre, la majeure partie des grandes
stars n'apparaît que brièvement au début
du film (une interminable séance de beuverie destinée
à nous décrire le sentiment de camaraderie qui
existe entre les membres de la bande des 108 Bandits) pour,
en toute fin, prendre part à l'ultime combat. Mais
bon, l'affiche est impressionnante et prometteuse !
Il
est nécessaire de préciser une chose afin de
corriger une fausse idée largement répandue
: The Water Margin n'est pas à proprement parler
un film d'arts martiaux mais plutôt un film d'aventures,
malgré la présence abondante de sommités
martiales : David Chiang, Ti Lung, Chen Kuan Tai, Yueh Hua,
Wong Chung... et une troupe démente aux chorégraphies
des combats (pas moins de quatre personnes, parmi lesquelles
les meilleurs). Les spectateurs avides de joutes aux poings
ou à l'arme blanche seront indiscutablement déçus
si c'est là leur unique préoccupation. Que dire
maintenant des rares combats qu'on peut effectivement trouver
dans The Water Margin ? Décevant est le mot.
Ridicule, parfois... Je pense ici - et c'est terriblement
dommage - à la prestation de David Chiang : s'il n'est
pas convaincant en joueur de flûte traversière
(c'est peut-être difficile ?), il est ridicule en lutteur
affrontant des monstres de deux fois sa taille et trois fois
son poids, et sa technique de combat consistant en un enchaînement
de roulades au sol avec son ennemi est à mourir de
rire (ou de gêne...). Cela nous prouve une nouvelle
fois - s'il était nécessaire de le faire - que
sans de solides chorégraphies martiales, les prestations
de David Chiang se réduisent à presque rien
(pitoyable acteur, il ne peut trouver son salut que dans l'action).
En revanche, les trop courtes apparitions de Ti Lung, Yueh
Hua et surtout Chen Kuan Tai sont parfaites.
Comme tout film de Chang Cheh des années 70 qui se
respecte, The Water Margin est un film où la
violence graphique est abondamment mise à contribution
(l'influence de Sam Peckinpah est encore flagrante) : corps
transpercés de flèches, giclées de sang,
blessures multiples... (A noter qu'elle atteindra des niveaux
"gores" dans la suite, All Men Are Brothers
!) Nos héros luttent en des temps barbares et le metteur
en scène fait tout pour que nous en soyons bien conscients
! Si aujourd'hui cette violence ne choque plus grand monde,
il faut savoir qu'en son temps (1972), The Water Margin
était considéré comme un film pour adultes.
Plus
encore que la prestation ratée de David Chiang, l'énorme
faiblesse du film est sa bande originale... On a souvent fait
le parallèle entre le western et les films d'arts martiaux
(particulièrement ceux de la Shaw Brothers), à
juste titre selon moi. Cependant, il existe des limites historiques
et culturelles entre ces deux genres de films et des barrières
à ne pas dépasser dans les emprunts d'un style
à l'autre. Or, la musique de The Water Margin
est celle d'un western spaghetti des années 60 qui
gâche les plus belles séquences tellement elle
est caricaturale... Ainsi, de superbes plans avec des centaines
de figurants et d'impressionnants décors (gros point
fort du film), au véritable souffle épique,
sont réduits à néant au son d'une ritournelle
digne de figurer dans Le Bon, la Brute et le Truand
! Désolant...
Sans être trop dur, on peut dire que The Water Margin
est une déception, même s'il se laisse tout de
même agréablement regarder.
|
Fiche
technique du DVD : |
Info
dvd
-
Editeur : IVL (Intercontinental Video Limited).
Un jusqu'à présent petit éditeur qui deviendra grand
grâce à la distribution du catalogue Shaw Brothers
(760 films environ). C'est actuellement lui qui édite
à Hong Kong les dessins animés du studio Ghibli.
- Boîtier plastique translucide.
- Zone : zone 3, NTSC.
- Face unique / Couche double.
- Sous-titrage : 4 sous-titres optionnels :
anglais / chinois traditionnel / malais / indonésien.
Pour cette édition, pas de problème de double
sous-titrage. En revanche, on peut regretter leur
petitesse qui les rend difficilement lisibles sur
certains téléviseurs.
- Chapitré : oui.
Image
-
Format du dvd : 16/9ème.
- Format du film : 2.35 . Le format est respecté.
- Qualité du master : excellente. Un
travail de restauration de titan ! Jamais les films
de la Shaw Brothers n'avaient paru aussi beau depuis
leur projection cinéma. Aucune griffure, aucun
point blanc et des couleurs magnifiques. Du grand
art !
- Qualité de la compression : bonne.
L'image est de très bonne tenue, hormis quelques
rares plans tout à fait flous...
Son
-
Son : Dolby Digital 2.0.
- Langues : mandarin.
- Qualité du son : bonne.
Suppléments
-
Accès direct aux 12 chapitres (grâce à une image mouvante,
sur deux pages).
- Bande annonce du film.
- Bande annonce de 4 autres titres de la Shaw Brothers
: Vengeance, The Tiger And The Widow, The
Condemned et All Men Are Brothes (suite
de The Water Margin).
- Trois documentaires très intéressants
en version originale sous-titrée anglaise (optionnel)
: "The Master - Chang Cheh" (plus de 17
minutes d'images de films et d'interviews de David
Chiang, John Woo, Andy Lau, Tsui Hark, Ti Lung, Wu
Ma...), "Elegant Trails : David Chiang"
(près de 8 minutes d'interviews et d'extraits
de films) et "Elegant Trails : Ti Lung"
(près de 9 minutes d'interviews et d'extraits
de films).
- Un petit dépliant en carton avec 4 des personnages
principaux dessinés.
- Photographies.
- Notes de production.
- Biographies, filmographies en anglais ou en chinois
de David Chaing, Ti Lung, Lily Ho, Chin Feng, Yueh
Hua et Chang Cheh.
Remarques
Les
DVD de la Shaw Brothers édités par IVL sont beaux,
magnifiques même, qu'on se le dise ! Celestial Pictures
a investi près de 2 millions de dollars pour effectuer
la restauration de près de 760 titres et nous les
proposer en format digital. Ce processus va nécessiter
3 ans et mobiliser une trentaine de personnes qui vont
travailler image par image pour nous restituer ces films
dans leur état d'origine. La première vague de titres
mis en vente a eu lieu le 5 décembre 2002.
David-Olivier
Vidouze (5 novembre 2003)
|
|
|