Les
chefs d'oeuvre de la Shaw Brothers |
Soul
Of The Sword
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Casting |
Année
: 1978 (avril)
Durée : 84 minutes.
Genre : arts martiaux / wu xia-pian.
Catégorie IIB
Réalisateur : Wa
Saan (Hua Shan)
Assistant réalisateur : Lin
Chan Wei
Producteurs : Mona
Fong, Run Run Shaw
Assistant producteur : Li
Ya-Fang
Chorégraphe : Tang
Chia (Tong Gaai)
Scénaristes : Chiu
Kang Chien (Yau Gong Kin), Lin Chan Wei
Musique : Chen
Yung-Yu
Interprètes : Ti
Lung, Lam Jan Kei (Li Chen Chi), Guk Fung (Ku Feng), Norman
Chu (Norman Chiu), Yue Wing, Lau Wai Ling, Ng Hong Sang, Lily
Li Li-Li, Chan Shen, Keung Hon, Lam Fai Wong, Wong Ching Ho,
Chan Jun Ho, Lee Hoi Sang, Lun Ga Chun, Leung Maan Yee, David
Wong Dai Wai, Wong Jing Jing.
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Histoire
& Critiques |
Histoire
: Un
enfant bien curieux est un jour le témoin d'un duel
entre un maître d'armes renommé et un jeune prétendant.
Ce dernier se fait occire et sa compagne se suicide sur son
corps sans vie. Fort impressionné, l'enfant décide
qu'adulte il réussira à battre ce terrifiant
maître d'armes... Des années plus tard, devenu
à son tour un puissant artiste martial, il se rend
dans la demeure du maître pour le défier. Or,
celui-ci est absent. Il attendra son retour et fera de nombreuses
connaissances, pour le meilleur et pour le pire...
Critique
de David-Olivier :
Wa Saan est principalement connu
pour avoir réalisé en 1975 le nanard culte Super
Inframan. C'est cependant avec Soul Of The Sword,
wu xia-pian psychanalytique tourné trois ans plus tard,
qu'il nous livre son (unique) chef-d'oeuvre.
Soul Of The Sword nous conte les aventures d'un homme
pour qui la vie a bifurqué un jour d'enfance, alors
qu'il était le témoin d'un duel à mort
entre un maître d'armes, figure tutélaire et
établie (le père), et un jeune épéiste
prétendant (le fils). Dans l'esprit du garçon,
adoptant la position de transgression du voyeur, se déroule
devant lui le rite de passage du monde de l'enfance au monde
des adultes, transformation non concluante puisque le combat
se solde par l'échec de l'ambitieux. Pire encore, sa
belle compagne le suit dans la mort, accentuant encore les
désastreuses conséquences d'un tel revers. L'ordre
ne sera pas bouleversé, le néant reste la seule
issue possible. En analysant cela d'un point de vue psychanalytique,
on peut y voir l'échec du règlement du complexe
d'Oedipe : le fils n'a pas réussi à tuer le
père... Et l'enfant qui observe la scène, par
peur de la castration (menace du père), va s'attacher
toute sa vie à se préparer à l'affrontement.
Si l'on se replace dans l'histoire, d'une manière plus
classique, on peut dire que du jour où il a vu le prétendant
se faire massacrer et sa compagne se suicider, l'enfant va
mener une vie au but unique : être le plus fort pour
tuer celui qui inconsciemment le menace. Son existence sera
dès lors dirigée par son épée,
à la fois substitut phallique, amante et âme
(d'où le titre).
De temps à autre, le "ça" (pour reprendre
une terminologie freudienne) reprendra sporadiquement le dessus
et son esprit sera enfin animé de désirs sexuels
"humains" : des apparitions viendront le tourmenter
pour tenter de le ramener sur la voie de la sagesse, faire
poindre la chaleur sous la froideur du tueur sanguinaire qu'il
est devenu. Là encore, la psychanalyse joue à
fond : le spectre que voit le héros (superbement incarné
par Ti Lung) revêt à la fois l'apparence de la
fiancée suicidée du prétendant, mais
aussi d'une jeune femme rencontrée en ville et pour
laquelle il éprouve des sentiments charnels. Véritable
fantôme, matérialisation d'un refoulement ou
fantasme prenant forme sous ses yeux ? Je pencherais personnellement
pour l'incarnation, sous l'essence vaporeuse d'une apparition,
d'un désir... Car à ce moment du film le héros
lutte entre l'amour qu'il porte à la jeune femme et
son envie irrépressible d'affronter le maître
d'armes. Et il sait que pour le vaincre il ne doit pas avoir
d'attaches terrestres, de pensées susceptibles de le
détourner du combat... Doit-il vider son coeur pour
grandir, s'affranchir des sentiments amoureux pour prouver
qu'il est un homme et plus un enfant ?
Le héros passe plus des trois quarts du film à
attendre le retour du maître d'armes qu'on dit parti
en mission. Pendant tout ce temps, son comportement va osciller
entre l'égoïsme le plus pervers (il va ravir la
fiancée d'un brave garçon et l'humilier à
maintes reprises) et l'abnégation juvénile au
service de la jeune femme qu'il aime (voir la scène
où il attend sous la pluie). Bref, il est la proie
des tourments et son esprit l'arêne dans laquelle luttent
divers aspects de sa personnalité...
L'enjeu de Soul Of The Sword porte donc sur la capacité
du héros à se transformer et à s'accomplir
en tant qu'individu. Devra-t-il pour autant semer la mort
autour de lui ? Sera-il nécessaire qu'il se déshumanise
en rejetant son "moi" profond ? La mort du maître
d'armes constituera-t-elle les prémices d'une nouvelle
vie ?
Si le fond est riche, la forme de Soul Of The Sword
ne l'est pas moins ! Ti Lung est magistral dans son rôle
d'épéiste ambitieux et borné. Une fois
encore, il joue sur la corde raide et apparaît à
la fois bon et démoniaque : une performance que nombre
d'artistes martiaux de la Shaw Brothers de l'époque
étaient bien incapables d'ambitionner ! Les autres
acteurs ne sont pas en reste (Ku Feng et Norman Chiu notamment),
mais sa présence les écrase...
Côté chorégraphies martiales, nous sommes
aussi gâtés : le classique Tang Chia nous livre
une fois de plus des combats trépidants et inventifs,
prenant place dans des décors originaux (je pense tout
particulièrement à la scène du lac).
La mise en scène de Wa Saan est soignée et les
plans particulièrement riches de trouvailles visuelles.
Quel dommage qu'il n'ait pas continué dans cette voie
!
A noter que le générique, d'une ambiance toute
seventies, est fort
réussi.
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Fiche
technique du DVD : |
Info
dvd
-
Editeur : IVL (Intercontinental Video Limited).
Un jusqu'à présent petit éditeur qui deviendra grand
grâce à la distribution du catalogue Shaw Brothers
(760 films environ). C'est actuellement lui qui édite
à Hong Kong les dessins animés du studio Ghibli.
- Boîtier plastique translucide.
- Zone : zone 3, NTSC.
- Face unique / Couche double.
- Sous-titrage : 4 sous-titres optionnels :
anglais / chinois traditionnel / malais / indonésien.
Pour cette édition, pas de problème de double
sous-titrage. En revanche, on peut regretter leur
petitesse qui les rend difficilement lisibles sur
certains téléviseurs.
- Chapitré : oui.
Image
-
Format du dvd : 16/9ème.
- Format du film : 2.35 . Le format est respecté.
- Qualité du master : excellente. Un
travail de restauration de titan ! Jamais les films
de la Shaw Brothers n'avaient paru aussi beau depuis
leur projection cinéma. Aucune griffure, aucun
point blanc et des couleurs magnifiques. Du grand
art !
- Qualité de la compression : bonne.
L'image est de très bonne tenue, hormis quelques
rares plans tout à fait flous...
Son
-
Son : Dolby Digital 2.0.
- Langues : mandarin.
- Qualité du son : bonne.
Suppléments
-
Accès direct aux 12 chapitres (grâce à une image mouvante,
sur deux pages).
- Bande annonce du film.
- Bande annonce de 4 autres titres de la Shaw Brothers
: Anonymous Heroes, Have Swod, Will Travel, All
Men Are Brothers et The Heroic Ones.
- Photographies.
- Notes de production.
- Biographies, filmographies en anglais ou en chinois
de Ti Lung, Li Chen Chi, Ku Feng et Hua Shan.
Remarques
Les
DVD de la Shaw Brothers édités par IVL sont beaux,
magnifiques même, qu'on se le dise ! Celestial Pictures
a investi près de 2 millions de dollars pour effectuer
la restauration de près de 760 titres et nous les
proposer en format digital. Ce processus va nécessiter
3 ans et mobiliser une trentaine de personnes qui vont
travailler image par image pour nous restituer ces films
dans leur état d'origine. La première vague de titres
mis en vente a eu lieu le 5 décembre 2002.
David-Olivier
Vidouze (25 novembre 2003)
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