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 Les chefs d'oeuvre de la Shaw Brothers

 

Jade Tiger

 

 

 Casting

Année : 1977 (mai)
Durée :  100 minutes
Genre : arts martiaux
Catégorie II
Réalisateur : Chu Yuan
Assistants réalisateurs : Chang Chuan-Tsan, Li Pai-Ling
Producteurs : Mona Fong
Producteurs exécutifs : Run Run Shaw, Chen Lieh
Chorégraphes : Tang Chia, Huang Pei-Chi
Directeur artistique : Chen Ching-Shen
Photographie : Huang Chien
Musique : Chen Yung-Yu
Monteur : Chiang Hsing-Lung
Ingénieur du son : Wang Yung-Hua
Histoire originale : Ku Long
Scénaristes : Ku Long, Chu Yuan
Interprètes :
Yueh Hua, Ti Lung, Guk Fung, Lily Li Li-Li, Fan Mei Sheng, Lo Lieh, Derek Yee Tung-Sing, Si Si, Siu Yiu.

 

 Histoire & Critiques

Histoire : Afin de venger la mort de son père, décapité par un traître, un jeune homme (Ti Lung) décide d'infiltrer le clan ennemi, commanditaire de cet assassinat et maître dans l'art de manier les poisons. Au cours de son périple, il côtoiera la mort et se liera avec de curieux personnages...

pas de tête, pas de chocolat !

Critique de David-Olivier : Jade Tiger est une nouvelle réussite du surdoué Chu Yuan qui se présente comme une sorte de croisement entre le film d'espionnage (son côté "infiltration" du camp ennemi) et les arts martiaux (fort bien représentés par Tang Chia et Huang Pei Chi). Est-ce un signe, le film est adapté d'un roman de Ku Long et, chose assez rare pour être mentionnée, il participe même à l'écriture du scénario ! Il en ressort un récit complexe, en perpétuelle évolution (cheminement psychologique du héros parallèle au cheminement géographique, le tout marqué par de grandes étapes) et aux multiples rebondissements - on appelle ça des "twists" aujourd'hui ! -, construit de manière à surprendre le spectateur jusqu'à son issue finale. Cette impression de mouvement nous fait d'autant mieux réaliser la prise de conscience progressive, par le héros, de la nature non figée des choses : il perd ses certitudes et sa vision manichéenne de la vie. Il arrive parfois à en jouer (lors de la confrontation entre les deux commerçants dont l'un est prétendu traître) mais en est bien souvent la première victime. C'est à l'intérieur du "tigre de jade" que se trouve l'éclair ultime qui va mener Ti Lung à la réalité en lui faisant jaillir la vérité au visage : en l'espace de quelques secondes, son référentiel va s'effondrer, ses croyances disparaître et il regardera avec des yeux neufs son parcours passé. Devant le sacrifice de son père et pour sauver son clan, il sait qu'il devra lui-aussi se sacrifier... et sacrifier ceux qu'il aime.



Jade Tiger est riche en thèmes et en personnages à l'épaisseur non feinte. Chu Yuan y développe une vision complexe de l'amour et ne cesse de poser la question : l'amour doit-il être sacrifié sur l'autel de l'honneur et du devoir ? Le personnage de Ti Lung est tragique : pour infiltrer le camp ennemi, il lui faut se faire passer pour un autre et en épouser une femme (alors qu'il est déjà marié). Le jour des noces, sa première épouse se présente à lui pour lui demander des explications sur son comportement et il fait mine de ne pas la reconnaître malgré ses pleurs et prières. La scène se déroule sous les yeux des deux clans : Ti Lung est puissant dans cette séquence et on peut raisonnablement dire qu'il est au sommet de son jeu d'acteur. Lo Lieh quant à lui revêt sa tunique de méchant et nous prouve une nouvelle fois qu'il est un des plus grands acteurs de l'écurie Shaw Brothers : aussi à l'aise au combat que dans la comédie ou le drame... un acteur complet !



Sans en parler directement, Chu Yuan aborde aussi la question religieuse en nous présentant une communauté très proche de la philosophie bouddhiste : d'anciens épéistes, lassés par la violence et les passions, se refusant le droit de juger et de condamner (un des membres va soigner Ti Lung même s'il sait que celui-ci cherche à se venger d'un de ses proches), jouent un rôle central dans Jade Tiger. Deux fois ils viendront au secours du héros : ils sauveront tout d'abord son corps empoisonné au début du récit, puis ils sauveront son âme, elle aussi empoisonnée, à son dénouement. Pour eux, toute personne qui ne rompt pas les liens avec la "société civile" est condamné aux tourments : amour, haine, violence, devoir, honneur... toute passion conduit au malheur. La coupure se doit d'être franche et nette, aucun mi-chemin n'est possible. Ainsi, le personnage de Yueh Hua, raisonnable et bon, se sent obligé de rejoindre le camp des méchants (et quels méchants ! cruels, fourbes et spécialistes des armes à base de poison !), même s'il n'adhère pas du tout à leurs idéaux. Il doit le faire, c'est son devoir... Il en perdra son âme. Et tout ça malgré la semi-retraite qu'il partageait avec sa jeune sœur, loin des hommes, de la politique et de l'ambition.



Comme c'est souvent le cas chez Chu Yuan, les décors sont splendides : les intérieurs des demeures, les paysages, la "cour fantôme" des épéistes retirés du monde... le tout sublimé par un réel soin apporté à la lumière ainsi qu'aux couleurs, et une mise en scène très travaillée. On est vraiment en face d'un auteur, pas d'un simple faiseur, honnête artisan des studios Shaw (comme il y en avait tant).


Un très grand film.


 

 Fiche technique du DVD :  


Info dvd 

- Editeur : IVL (Intercontinental Video Limited). Un jusqu'à présent petit éditeur qui deviendra grand grâce à la distribution du catalogue Shaw Brothers (760 films environ). C'est actuellement lui qui édite à Hong Kong les dessins animés du studio Ghibli.
- Boîtier plastique translucide.
- Zone : zone 3, NTSC.
- Face unique / Couche double.
- Sous-titrage : 4 sous-titres optionnels : anglais / chinois traditionnel / malais / indonésien.
Pour cette édition, pas de problème de double sous-titrage. En revanche, on peut regretter leur petitesse qui les rend difficilement lisibles sur certains téléviseurs.
- Chapitré : oui.

 Image 

- Format du dvd : 16/9ème.
- Format du film : 2.35 . Le format est respecté.
- Qualité du master : excellente. Un travail de restauration de titan ! Jamais les films de la Shaw Brothers n'avaient paru aussi beau depuis leur projection cinéma. Aucune griffure, aucun point blanc et des couleurs magnifiques. Du grand art !
- Qualité de la compression : bonne. Une image quasiment toujours nette.

 Son 

- Son : Dolby Digital.
- Langues : cantonais, mandarin.
- Qualité du son : bonne.

 Suppléments 

- Accès direct aux 12 chapitres (grâce à une image mouvante).
- Nouvelle bande annonce du film.
- Bande annonce de 4 autres titres de la Shaw Brothers : The Lizard, Passing Flickers, Voyage Of The Emperor Chien Lung et Emperor Chien Lung And The Beauty.
- Photographies.
- Notes de production.
- Biographies, filmographies de
Ti Lung, Ku Feng, Lo Lieh, Lily Li et Chu Yuan.

 Remarques 

Les DVD de la Shaw Brothers édités par IVL sont beaux, magnifiques même, qu'on se le dise ! Celestial Pictures a investi près de 2 millions de dollars pour effectuer la restauration de près de 760 titres et nous les proposer en format digital. Ce processus va nécessiter 3 ans et mobiliser une trentaine de personnes qui vont travailler image par image pour nous restituer ces films dans leur état d'origine. La première vague de titres mis en vente a eu lieu le 5 décembre 2002.

David-Olivier Vidouze (17 octobre 2003)

 

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